Lettre de Bioespuna – Juillet 2020

Difficile de ponctuer cette saison sans évoquer la crise sanitaire de la Covid19 qui a semé une belle pagaille, bouleversant le quotidien et la société, repères et activités… Pendant cette période bien étrange, les récoltes se sont poursuivies, le transport de marchandises alimentaires depuis l’Espagne a continué de fonctionner et nos livraisons en France sont restées autorisées.

Nous avons ainsi maintenu la très grande majorité de ces dernières. Mais nous n’avons pas revu certains groupes faute d’avoir pu trouver des lieux de substitution adéquats ou une organisation alternative aux livraisons habituelles. Nous pensions profiter du printemps pour avancer dans nos projets hors logistique des commandes et des livraisons (Système Participatif Garantie, organisat ion de rencontres et d’événements…). L’actualité en a décidé autrement, mais notre volonté n’est pas entamée, tout est « simplement » décalée.

Malgré l’énergie folle et le rythme soutenu qu’a demandés l’adaptation à cette situation inédite, nous sommes ravis d’avoir pu continuer à travailler pour vous fournir en vitamines. Grâce à notre engagement mutuel – vous et nous. Grâce à votre fidélité, nous avons pu écouler la production en circuits courts alors qu’en Espagne ce n’était pas possible. Grâce à nos efforts, l’équilibre a été maintenu, impliquant certes le refus de multiples sollicitations mais nous tenions à rester fidèles aux mangeurs de nos réseaux.

Grâce à l’éthique partagée, vous avez pu avoir nos fruits comme d’habitude alors qu’en parallèle, le marché devenait fou, avec des prix en hausse.

Les réseaux alimentaires alternatifs ont montré qu’ils étaient plus que jamais résiliants, vitaux, crédibles et gages de souveraineté alimentaire. De quoi s’en émerveiller ! Mais, dans le même temps, nous nous inquiétons de la dérive toujours plus prégnante de l’agriculture biologique, que ce soit en France, en Espagne ou ailleurs dans le monde. Le marché bio fait n’importe quoi : prix tirés vers le bas, coûts de production réduits en rognant sur les droits des travailleurs et/ou en contournant les règles de protection de la nature pour répondre à la demande de masse. En somme, le système capitalisme appliqué à l’agriculture biologique, à mille lieues des valeurs pionnières de celle-ci. Et lorsqu’on voit les scandales environnementaux et humains liés à l’agriculture conventionnelle…il est difficile de rester optimiste quant à l’évolution de la bio !

Dans les coulisses des prix bas (produits conventionnels et bio) se cachent donc parfois (et mème plus que ça !) des réalités rarement vertueuses. Il est important que chacun en prenne conscience ! * 

Merci à tous pour votre confiance renouvelée qui permet de faire vivre une alternative à ces tendances ; Merci aux  personnes actives pour l’organisation « spéciale Covid » des distributions. Et tout notre soutien aux personnes qui ont beaucoup perdu dans cette crise, que ce soit des proches, un emploi, une entreprise, des rêves, etc.

Très bel été à tous, joyeux et fertile !

L’équipe de BioEspuña, de part et d’autre des Pyrénées.

* Deux exemples de désastres écologique et humain liés à l’agriculture conventionnelle et industrielle dans la région de Murcie (les paysans de BioEspuña ne sont pas concernés ni par ces dérives ni par cette zone) : 

La lagune salée « Mar Menor » sur le littoral près de Cartagena où l’expansion de l’agriculture intensive (pollution par nitrates, irrigations illégales) a provoqué l’eutrophisation du milieu depuis les années 2010. Source : https://www.eldiario.es/murcia/medio_ambiente/anse-wwf-advierten-menor-deterioro-murcia-noticia_1_6028599.html

Et, non loin de là, à Torre Pachecho, 19 personnes ont été arrêtées en mai 2020 pour avoir exploité des migrants dans des fermes intenstives, bafouant les droits du travail, usurpant l’état civil, sous-payant les personnes (150 à 200 euros par mois), etc. Source : http://7tvregiondemurcia.es/detenidas-19-personas-por-explotar-en-el-campo-a-inmigrantes-irregulares/