Alexandra et les 12 travaux

Par Stéphanie
Stéphanie Degoute

Devrait-on dire qu’elle est tombée dans la marmite quand elle était petite ? En tous cas, Alexandra exerce un vrai métier passion. Portrait de cette femme dont la force de travail, la résilience et l’envie d’avancer, toujours, me laisse admirative.

Une vraie vocation

C’est par une formation dans le tourisme équestre qu’Alexandra décide de commencer ses études, avec le projet de vivre de sa passion des chevaux. Elle poursuit par un BTA polyculture-élevage, car il n’y avait pas de continuité possible simplement dans la filière équine. Elle fait son stage d’étude dans la ferme de Fijaguet, à Villefranche-de-Panat, et son maître de stage devient son amoureux ! Elle termine sa formation par un BTS ACSE (analyse et conduite des systèmes d’exploitation), avec pour objectif de s’installer sur la ferme familiale de son mari.

Cette ferme d’une centaine d’hectares a été achetée en viager en 1987, et reprise en 1992 par son mari. Finalement, ils ne s’installeront jamais ensemble puisque lui décide d’arrêter le métier d’agriculteur après avoir eu des vaches allaitantes de 1992 à 2000. En 2000 donc, Alexandra s’installe et ne conserve qu’une quarantaine d’hectares : 13ha de bois et 27 de surface agricole.

Elle débute son activité avec un élevage de canards gras et des génisses pour l’engraissement. Et détail qui a son importance, Alexandra choisit de s’installer directement en bio, avec le concours des CTE à l’époque. Il s’agissait de contrats territoriaux qui impliquaient des actions de la part des bénéficiaires sur les volets environnemental, social, économique et financier. Il était de toutes façons hors de question pour Alexandra d’envisager son installation autrement. Elle tient à produire le plus naturellement possible et en faisant un travail de qualité. C’est dans ses gênes depuis toute petite. D’ailleurs, ses deux enfants sont cuisto : c’est dire qu’elle les a élevés dans le goût des bonnes choses et de la qualité des produits.

Au bout de 5 ans, le travail autour des génisses était rendu compliqué du fait de l’absence de débouché en bio : elle les vendait en conventionnel et a donc décidé de les arrêter. Parallèlement, elle a très vite eu de la demande pour de la volaille : poulet, canette, canard … 

Contact

Elle se lance donc dans cette filière, en démarrant une formation en 2004, avec une quinzaine de personnes. De cette formation est née l’envie de travailler ensemble et de maîtriser la filière en local. Alexandra devient donc naisseur pour le compte des autres membres de l’association : c’est elle qui démarrait les volailles de 1 jour à 5 semaines. Elle cela pendant 3 ans, avant de continuer seule en 2010 et d’aller jusqu’au bout de la filière. Elle installe un atelier de transformation sur la ferme où elle peut abattre et transformer les volailles, elle recherche des débouchés plus locaux, et en avant, c’est parti !

Sa passion pour les chevaux n’étant jamais très loin, elle achète en même temps des juments de trait pour l’élevage.

Les volailles

 Aujourd’hui, Alexandra élève poulets, pintades, canards. Concernant les poulets, elle les mène entre 120 et 160 jours avant de les abattre (une cinquantaine de jours pour les poulets conventionnels !). Et c’est entre 120 et 130 volailles par semaine qu’Alexandra transforme. 

Depuis quelques années, Alexandra se recentre de plus en plus localement pour ses débouchés. Elle est aujourd’hui toujours associée dans deux magasins de producteurs autour de Montpellier et y descend tous les jeudis pour tenir sa permanence et assurer ses livraisons. Elle a démarré deux marchés hebdomadaires à Réquista et à Cassagnes, et est présente pour les marchés d’été à Villefranche-de-Panat. Elle livre la Biocoop de St Affrique et l’épicerie Del Païs, ainsi que l’AMAP de Rodez une fois par mois. Et depuis un peu plus d’un an, elle propose ses volailles entières ou découpées aux Loco-Motivés, et en bonne association avec Pierre, de la Cour des Volailles.

Pour faire tout cela, l’organisation de la semaine est bien structurée. Il y a un abattage par semaine, le mardi. Les livraisons le mercredi et jeudi. Et les marchés en fin de semaine, vendredi à Cassagnes et samedi à Réquista. Pour faire tout ça, oui, parce ce qu’elle est forte, mais quand même !, elle a salarié depuis quelques années Anthony, qui est à temps plein sur la ferme et qui s’occupe essentiellement de tous les travaux autour de l’élevage.

Concernant l’alimentation des volailles, Alexandra cultive sur la ferme des céréales, entre 12 et 15ha, mais ça ne lui suffit pas pour être autonome, notamment ces dernières années avec les sécheresses à répétition. Elle est donc obligée d’acheter un complément d’alimentation à l’extérieur.

Un projet de GAEC

C’est le prochain projet. Une association en GAEC avec Anthony devrait voir le jour d’ici la fin de l’année. Enfin, si tout se passe bien au niveau administratif, parce que ceux qui sont dedans savent qu’un projet d’installation est loin d’être un long fleuve tranquille. En créant le GAEC, Anthony porte un projet d’installation de deux cabanes de 500 poules pondeuses.

Alexandra quant à elle aimerait ajouter des cannettes et pintades à la découpe. Et pourquoi pas ouvrir un magasin à la ferme avec les œufs, la volaille, un peu de légumes, quelques plats cuisinés … A suivre.

Et tout le reste

La volaille reste aujourd’hui l’activité principale d’Alexandra. Mais vous l’aurez compris, elle ne s’arrête pas là … Un peu d’élevage de chevaux de trait breton avec un étalon et huit juments qui poulinent chaque année et qui lui demandent beaucoup de surveillance d’avril à juillet ; un peu de maraîchage pour les magasins de producteurs de Montpellier et pour ses plats cuisinés (des poireaux, des carottes, des oignons, des choux, des tomates…), des plats cuisinés donc, et une rôtisserie pour les marchés d’été, des gâteaux à la broche, de la sève de bouleau au printemps… 

Mais quand s’arrêtera-t-elle ?! Chapeau !

Le portrait chinois d'Alexandra: si elle était ...

  • Une recette préférée : des lasagnes à la volaille et pleurotes
  • Un produit coup de coeur aux Loco : la moutarde à l'ancienne
  • Une couleur : bleu, comme un poisson dans l'eau
  • Un super héros : mon Papa
  • Un endroit : mes bois pour me ressourcer
  • Un animal : le cheval

Et pour la petite histoire, pourquoi la ferme aux chênes rouges ? Parce que lorsqu’Alexandra s’est installée, elle a planté des chênes rouges d’Amérique le long de la route pour arriver à la ferme. Ce sont des arbres magnifiques à l’automne qui se parent d’une magnifique couleur rouge. 

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