L’édito de Téo – février 2023

Départs à la retraite et installations sont intimement liés : le départ à la retraite est souvent très compliqué pour les paysans et paysannes qui se retrouvent confrontés à des pensions souvent indécentes… Et les effets qui en découlent sont considérables : foncier vendu à prix d’or pour contrer ce manque de revenu, spéculations foncières entravant les installations au profit des agrandissements … Malheureusement la réforme en cours propose un dispositif particulièrement excluant et risque de faire chuter fortement le nombre de bénéficiaires à la garantie de retraite minimale.

D’ici 10 ans nous aurons perdu la moitié de nos agriculteurs partis en retraite. Cela soulève deux questions essentielles : quel avenir pour nos paysans et paysannes après une vie de labeur ? Et quel avenir pour notre agriculture et par conséquent notre alimentation si toutes ces fermes ne trouvent pas repreneurs ?

La question de l’installation de jeunes est complexe et multiple mais il est certain que favoriser un départ à la retraite dans la dignité libérera des terres et facilitera les installations. Et l’enjeu est de taille puisque l’installation d’un million de paysannes et paysans dans les dix prochaines années est devenue une nécessité absolue.

L’installation est une question éminemment politique et centrale : voulons-nous que chaque parcelle de terre qui se libère parte agrandir des structures toujours plus grandes ? Avec le risque d’une dérive vers une industrialisation totale de notre agriculture, une spécialisation par région du monde pour toujours plus de compétitivité sur les marchés ? Ou, au contraire, voulons-nous que derrière chaque départ à la retraite des jeunes s’installent et mènent une agriculture de la connaissance, toujours plus précise et à la pointe de nos enjeux sociaux et environnementaux ? C’est cette agriculture qu’on aime appeler “agriculture paysanne”.

Nous dessinons aujourd’hui les modèles paysans de demain…il y a plusieurs leviers d’actions à activer pour y parvenir et le mode de consommation en fait partie ! Vous, consommateurs et consommatrices, savez particulièrement que le choix de manger local rime avec qualité dans l’assiette, préservation de la santé humaine et des écosystèmes auxquels nous appartenons, mais la vente directe nous permet aussi de préserver du revenu et de la vie dans nos campagnes et nous encourage ainsi à continuer à faire notre métier de notre mieux !

Alors un grand merci à vous tous et toutes !

Téo Boutrelle, les frères Cageots

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